URODÈLES

URODÈLES
URODÈLES

Le superordre des Urodèles réunit les Amphibiens actuels qui à l’état adulte possèdent typiquement deux paires de membres moteurs et une queue: ainsi les tritons, les salamandres. Leur corps lacertiforme se distingue facilement de celui des lézards par une peau nue, toujours dépourvue d’écailles. Les membres antérieurs et postérieurs ont sensiblement la même taille. Leur rôle dans la nage est faible. Sur terre, les Urodèles marchent maladroitement avec ondulations latérales du corps. Lorsque le développement de l’œuf est achevé, la majorité des Urodèles passe par un stade aquatique libre au cours duquel l’animal se déplace et se nourrit. Pendant cette vie larvaire, se déroulent des processus pratiquement simultanés de croissance et de régression qui constituent la métamorphose.

Il faut insister sur le rôle important des Urodèles dans la recherche expérimentale: c’est sur l’œuf de triton que H. Spemann mit en évidence le phénomène de l’induction; c’est sur ce même germe qu’ont pu être effectuées les expériences de séparation des deux premiers blastomères, d’androgenèse ou développement commandé par le seul noyau spermatique, et d’augmentation du nombre des stocks chromosomiques (polyploïdie artificielle) par l’action du choc thermique. Il faut mentionner aussi l’utilisation des larves d’Urodèles pour réaliser des greffes siamoises, ou parabioses, pour créer des chimères intergénériques (chimères triton-axolotl de Houillon), pour opérer des transformations complètes et définitives du sexe (comme l’ont fait Humphrey chez l’axolotl et Gallien chez le pleurodèle).

Anatomie

Squelette

Dans le crâne des Urodèles, les os frontaux et pariétaux restent séparés; les palatins sont absents ou réunis aux vomers, et les maxillaires peuvent manquer; il y a deux condyles occipitaux. Les vertèbres, d’abord amphicœles pendant la période embryonnaire, deviennent généralement opisthocœles chez l’adulte. Les côtes sont courtes et nombreuses. La ceinture pectorale se caractérise par un grand développement de la région coracoïde. La ceinture pelvienne de nombreux Urodèles aquatiques se distingue par un cartilage bien développé en forme de Y attaché à l’extrémité antérieure du pubis. Ce cartilage épipubien permet de comprimer plus ou moins la partie postérieure des poumons et d’en modifier le volume, réglant ainsi leur rôle hydrostatique.

Appareil respiratoire

Pendant le début de la vie embryonnaire, le besoin en oxygène est assuré par la diffusion des gaz en solution dans l’eau. L’épiderme très mince des larves joue un grand rôle dans la respiration, concurremment avec les branchies. La longueur et le nombre des filaments branchiaux peuvent varier selon la pression d’oxygène de l’eau (Salamandra ). Ces filaments sont baignés par l’eau avalée par la bouche et expulsée par les fentes branchiales. Pendant la métamorphose, la peau larvaire est remplacée par une peau plus épaisse et, en principe, des poumons se substituent aux branchies.

Organes des sens

La peau des larves aquatiques contient des équivalents structuraux et fonctionnels des «organes de la ligne latérale» des Poissons, sous forme d’amas de cellules sensorielles situés dans de petites dépressions disposées le long de lignes régulières. Ces organes sont sensibles aux vibrations de basse fréquence.

Les Urodèles diffèrent des Anoures par l’absence de tympan et de cavité tympanique. La columelle, chez la larve, est en relation avec l’os carré, et les ondes sonores sont transmises par l’intermédiaire de la mandibule, du carré et du squamosal jusqu’à la columelle et à l’oreille interne [cf. SPLANCHNOCRÂNE]. Chez l’adulte, la columelle est en relation avec la ceinture pectorale par un petit muscle; les vibrations sont alors transmises par l’intermédiaire des membres antérieurs jusqu’à l’oreille interne.

Développement et métamorphose

Sauf quelques exceptions, la fécondation des Urodèles est interne: les spermatozoïdes, contenus dans un spermatophore déposé par le mâle, sont saisis par les lèvres cloacales de la femelle. À l’éclosion, les larves se fixent temporairement grâce à des «balanciers» dont les extrémités produisent une sécrétion adhésive. Elles possèdent des crêtes natatoires dorsale et caudale et une dentition spéciale. Elles respirent au moyen de trois houppes branchiales. Les membres antérieurs se développent avant les postérieurs. L’élimination de la métamorphose peut être réalisée par un développement direct qui supprime la phase larvaire libre aquatique ou par la néoténie qui élimine la phase terrestre.

La phase larvaire aquatique est ainsi complètement supprimée chez Salamandra atra , qui est vivipare. Un œuf éclôt dans chaque oviducte sous forme d’une larve munie de balanciers, d’organes de la ligne latérale et de branchies. La larve se nourrit d’abord du vitellus des œufs voisins avortés, puis elle se met en relation avec la paroi de l’oviducte par l’intermédiaire des branchies externes et elle est libérée à la fin de son développement.

Chez les espèces néoténiques, la métamorphose ne se produit habituellement pas: des caractères larvaires persistent toute la vie, ainsi que le mode de vie aquatique. La néoténie est un caractère spécifique presque définitivement fixé dans le cas classique de l’axolotl qui ne se métamorphose que très rarement dans son habitat naturel. Un traitement thyroïdien permet d’obtenir des individus métamorphosés, car l’axolotl n’est que la larve néoténique d’Ambystoma tigrinum . Les causes de cette néoténie facultative sont mal connues: insuffisance quantitative de sécrétion thyroïdienne ou faible réactivité des tissus?

Systématique et répartition

On connaît à l’heure actuelle environ deux cent vingt-cinq espèces et sous-espèces d’Urodèles, réparties dans soixante genres appartenant à huit familles. Le plus grand nombre vit dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord; quelques rares espèces tropicales sont semi-fouisseuses ou montagnardes.

Sous-ordre des Cryptobranchoïdés

Les Cryptobranchoïdés sont les Urodèles les plus primitifs, tant par certains caractères anatomiques (angulaire libre, second épibranchial persistant chez l’adulte, vertèbres amphicœles) que par leur modèle de fécondation externe. Les œufs sont toujours répartis en deux sacs gélatineux plus ou moins allongés.

– Famille des Hynobiidés . Le genre Hynobius (le plus vaste dans cette famille) se rencontre du Japon au nord de la Sibérie, au Turkestan et à l’Oural. Batrachuperus possède des coussinets aux pattes. Ranodon , à poumons réduits, vit dans les ruisseaux de montagne. Les poumons font défaut chez Onychodactylus .

– Famille des Cryptobranchidés . Les Cryptobranchidés sont aquatiques, de grande taille, à métamorphose incomplète. Megalobatrachus (grande salamandre de la Chine et du Japon) peut atteindre 1,50 m; cet animal inerte et lourd est pratiquement incapable de se déplacer à terre. Cryptobranchus (nord de l’Amérique) est un animal nocturne qui se nourrit de poissons et d’amphibiens.

Sous-ordre des Ambystomoïdés

Les Ambystomes (famille des Ambystomidés ) n’habitent que le Nouveau Monde; ils ont une allure de salamandre, mais leur corps est plus trapu. Ils vivent à terre, cachés, et ne vont à l’eau qu’au moment de la reproduction.

Sous-ordre des Salamandroïdés

Le sous-ordre des Salamandroïdés comprend trois familles:

– Famille des Salamandridés . La salamandre tachetée (Salamandra salamandra ) est une espèce européenne terrestre de grande taille (20 cm). L’accouplement a lieu à terre; les larves sont déja pourvues à leur naissance de quatre membres et de branchies touffues; elles séjournent plusieurs mois dans l’eau. Salamandra atra , vivipare, est localisée dans les Alpes. La salamandrine, particulière à l’Italie, se distingue par sa peau mate et le nombre de ses orteils (4 au lieu de 5).

Les tritons ont un dimorphisme sexuel bien marqué en période de reproduction: une crête dorsale et caudale différencie le mâle. La fécondation interne se fait sans accouplement.

Les euproctes, adaptés à la vie dans les torrents de montagne, ont des poumons réduits ou absents. Les pleurodèles vivent dans les eaux stagnantes et tempérées.

– Famille des Amphiumidés . Un certain nombre de caractères larvaires, tels que des vertèbres amphicœles, ont longtemps conduit les auteurs à rapprocher le genre Amphiuma (Amérique du Nord) des Cryptobranchidés, malgré son corps arrondi, son crâne, ainsi que d’autres caractères appartenant aux Salamandridés.

– Famille des Pléthodontidés . La grande majorité des Pléthodontidés vit en Amérique. Un seul genre existe en Europe: Hydromantes , caractérisé par une langue «bolétoïde», en forme de champignon, attachée sur un pédicule central exsertile.

Sous-ordre des Protéidés

La famille des Protéidés comprend deux genres: Necturus (Amérique du Nord) et Proteus (Sud européen). Les individus respirent par des branchies externes persistantes.

Sous-ordre des Meantes

Les deux genres américains des sirènes (famille des Sirénidés ) sont des larves permanentes dépourvues de membres postérieurs et de dents. Seule la peau subit une métamorphose.

urodèles [ yrɔdɛl ] n. m. pl.
• 1839; de 2. uro- et gr. dêlos « apparent »
Zool. Ordre d'amphibiens, à corps allongé portant des membres propres à la reptation (amblystome, axolotl, protée, salamandre, triton). Sing. Un urodèle.

urodèles
n. m. pl. ZOOL Ordre d'amphibiens des régions tempérées de l'hémisphère N., dont la queue subsiste après la métamorphose (protées, salamandres, tritons, etc.).
Sing. Un urodèle.

⇒URODÈLES, subst. masc. plur.
ZOOL. Ordre de Batraciens caractérisé par un corps allongé, une queue développée et quatre membres. Il n'est pas possible de tracer une délimitation bien nette entre les deux types d'Urodèles ou Batraciens à queue. On utilise généralement le terme de « salamandre » pour les espèces les plus grandes, celui de « triton » pour les plus petites (Encyclop. du monde animal, Paris, Marabout, t. 4, 1984, p. 140).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1806 (DUMÉRIL Zool., p. 94). Formé du gr. « queue » (v. suff. -ure2) et « visible, apparent » (v. COTTEZ, s.v. -dèle).

urodèles [yʀɔdɛl] n. m. pl.
ÉTYM. 1829, Boiste; de 2. uro-, et grec dêlos « apparent ».
Zool. Batracien d'un ordre caractérisé par un corps allongé et une queue, et portant des membres propres à la reptation. || Les batraciens comprennent les Urodèles et les Anoures. || Principaux urodèles : amblystome, axolotl, protée, salamandre, triton.Au sing. || Un urodèle.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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